samedi 6 novembre 2010

Magnifique article dans LIBERATION Vendredi 5 Novembre

05/11/2010 à 00h00

Billom, ville en colère contre une classe vide

Par VÉRONIQUE SOULÉ 
Voilà maintenant trois semaines que l’école maternelle du Beffroi, à Billom, dans le Puy-de-Dôme, est occupée par des parents d’élèves. Pour une histoire de chiffres. Les parents disent qu’avec 153 enfants inscrits, 5 classes, c’est trop peu. Dans deux d’entre elles, les effectifs dépassent les 30. L’inspection académique réplique que les enfants ne sont jamais tous là en même temps. A cet âge, ils sont souvent malades et leurs parents ne se gênent pas pour partir avec eux hors période de vacances scolaires. Il faut donc compter la moyenne des élèves présents. Et dans ce cas, 5 classes, ça suffit amplement. L’histoire de Billom, ville médiévale de 4 800 habitants, pourrait paraître anecdotique. Mais de plus en plus, on voit se dérouler un dialogue de sourds autour de classes fermées, de profs non remplacés et de postes non pourvus. D’un côté, l’administration doit faire des économies- 16 000 suppressions de postes en 2010, autant en 2011 - et tente de concilier l’intérêt des élèves avec celui du ministère, en gérant au plus serré ses «gisements d’emplois».
En face, des parents d’élèves, le plus souvent indépendants, s’inquiètent des conditions d’études de leurs enfants dans des classes de plus en plus chargées, avec des enseignants passablement découragés. Ils y voient les effets concrets des restrictions drastiques de ces dernières années, et dénoncent «la casse du service public d’éducation». Ils ont aussi compris que pour faire avancer leur cause, ils doivent avoir un écho médiatique et cherchent pour cela des actions qui accrochent.
A Billom, les problèmes ont surgi dès la rentrée. Les élèves sont bien plus nombreux que prévu, car il y a eu beaucoup d’inscriptions pendant les vacances. Or, en juin, l’inspection avait fait ses calculs avec le chiffre de 134. A ce titre, elle avait décidé de fermer la sixième classe, ouverte en 2007, les effectifs ayant bondi cette année-là. Les parents réclament sa réouverture. Le maire les soutient. A la demande du rectorat, il avait fait 200 000 euros de travaux pour aménager une classe de plus - la sixième - dans un appartement au-dessus de l’école. Aujourd’hui, la salle est vide…
Le 18 octobre, devant le blocage, des parents commencent à occuper l’école, nuit et jour, sept jours sur sept. Les enfants continuent d’aller en classe. Le soir, les parents organisent une soirée raclette, un atelier poterie, etc. Hier, la chance semblait leur sourire : deux «enfants du voyage» sont venus s’inscrire à l’école, faisant gonfler les fameux chiffres.

1 commentaire: